Première à l’Arsenic, Lausanne, le 25 novembre 1992.
Nouvelles s’inspire très librement de l’univers de Marguerite Duras, non pas comme trame narrative, mais plutôt parce que Duras « donne à voir ». On pourrait parler d’impression de lecture, de ce qui s’imprime dans la tête d’un lecteur, dans le corps d’un danseur.
Ce qui est dit, décrit minutieusement, ce sont les actes. Importe d’abord la représentation la plus concrète, la plus précise de l’action, de la situation, du climat. Alors seulement émergent les êtres, s’impose ce qui se joue.
Une ligne commune avec la danse: évoquer plus que dire, se méfier de la forme, projeter la perception dans l’imaginaire. Des portes.
Nouvelles est structuré en une série de petites pièces de durées variables, dialoguant les unes avec les autres. La structure rythmique du spectacle s’identifie à une partition musicale, dont les pièces sont les différents mouvements. Le nombre des interprètes, le jeu sur l’espace varie d’une pièce à l’autre.
On ne peut pas parler de narration, mais comme Duras, de dialogue d’un livre à l’autre, par recoupements, transformations des situations, dilatations du temps, de l’espace.
Jean-Marie Bosshard et Philippe Saire
… De fragments dansés, en phrasés répétés se dégage un certain alphabet: marches sur le dos, babillages des mains, chutes décontractées, méli-mélo de couples, bars qui emportent des roulés vers l’extérieur, marche affairée.
Ce qui importe dans cette pièce c’est la modulation de l’espace traversé par une ou plusieurs personnes, structuré par de savantes lumières. Car tout est affaire d’ambiance, … , d’épaisseur sensitive dans cette succession de tableaux. C’est dans leur rapport avec les éléments extérieurs, qu’ils produisent les plus belles émotions: occupation de faisceaux lumineux coupés au couteau, attraction-répulsion avec le mur ou encore rencontre inopinée avec une trombe d’eau.
Michèle Pralong, Le Courrier, Genève, novembre 1992
C’est un petit chef-d’oeuvre qu’a signé Philippe Saire: un spectacle dense, fort, beau; tout de rigueur et de dépouillement. La solitude, l’isolement marquent ces Nouvelles, inspirées très librement de l’œuvre de Marguerite Duras. Soit que les êtres soient cloués sur de maigres espaces de lumière, soit qu’ils se perdent dans la vastitude du plateau, soit encore qu’ils marchent ou rampent sur le replat d’un mur. Ou alors qu’ils se fracassent, s’y accrochent, déploient moult efforts pour s’y hisser.
Mais que l’on ne s’y trompe pas. Nouvelles n’est nullement frappé du sceau du désespoir. L’humour se glisse avec habileté parmi ces onze séquences brèves, dont certaines tiennent même du haiku.
Jeux d’ombres et de lumière, du son et du silence, de l’air et de l’eau qui éclabousse: jeux d’enfants et jeux d’adultes… Nouvelles procède peut-être d’une œuvre narrative. Il n’en confine pas moins à la plus vigoureuse des abstractions.
Jean-Pierre Pastori, La Tribune de Genève, décembre 1992
If you are looking for the unusual in modern ballet, don’t miss Compagnie Philippe Saire at Spoleto Festival USA… The company gave a stellar performance that was indeed thought provoking.
Post and Courrier, Charleston (USA), 1993
Concept
Philippe Saire,
Jean-Marie Bosshard
Chorégraphie
Philippe Saire
Danse
Marc Berthon,
Charles Linethan,
Philippe Saire,
Julie Salgues,
Rahel Vonmoos
Compositeur
Jean François Bovard
Scénographie
Jean-Marie Bosshard
Lumières
Christian Yerly,
Jean-Marie Bosshard
Costumes
Regina Martino