Première au festival Théâtres d’été de Nyon, le 16 août 1996. Chorégraphie pour quatre danseurs.
Petites catastrophes naturelles renoue avec la veine plus narrative des spectacles de Philippe Saire. C’est bien une « histoire » que nous suivons ici, celle d’une relation triangulaire aux désirs insatisfaits. A la manière de Trahisons de H. Pinter, les rapports se chargent peu à peu de tromperies, mensonges, compromis, de « petites catastrophes »… individuellement de peu de conséquences, dont personne n’est réellement responsable.
En parallèle, un solo plus allégorique répond à cette narration. Il met en scène un personnage qui essaie de trouver son humanité et de se garder sensible.
Allégorie de l’irresponsabilité, Petites catastrophes naturelles se veut un spectacle léger. Faussement.
Petites ou grandes, les catastrophes de Philippe Saire ne prennent jamais une tournure tragique. Sa danse maintient en permanence une distance. Comme si la gestuelle de l’être humain était bien impuissante face aux mouvement de la nature. La terre, le feu, l’eau dominent. Il ne reste dès lors qu’à valser. L’individu en blanc joue sur une musique de bal musette pendant que le vent écrase tout sur son passage, il se frotte les yeux avec un oignon pour pleurer. Le trio enjoué, lui, rebondit au rythme des sonates de Beethoven. Les jambes des danseurs tricotent à la perfection, le poids de leur corps tombe à droite, mais ils partent à gauche. Ils se tombent dans les bras, se manquent, se regardent. L’énergie est complice.
Philippa de Roten, Journal de Genève et Gazette de Lausanne, 19 août 1996
Petites Catastrophes Naturelles met en parallèle deux intrigues qui vont finir par s’entremêler. Il y a tout d’abord un triangle amoureux: A aime B, qui aime C, qui aime A. L’air de rien, les trois protagonistes en viennent à accumuler mensonges anodins et petites trahisons. C’est alors intervient la seconde histoire. Un personnage solitaire, X, évolue entre les séquences des trios premiers protagonistes. totalement indépendant du trio; X prend pourtant à sa charge leurs tromperies et leur irresponsabilité.
Paré de ces stigmates, X va peu à peu se transformer en ange. Mais un ange souillé, déchu, dont Saire situe l’origine dans Le noyé le plus beau du monde, de Garcia Marquez, ainsi que dans les écrits de Harold Pinter et Emmanuel Lévinas. Tous trois l’ont inspiré dans ce nouveau spectacle nourri d’expériences de vie, de préoccupations personnelles.
La Côte, 15 août 1996
Chorégraphie
Philippe Saire
Danse
Karine Gasset,
Corinne Rochet,
Massimo Biacchi,
Philippe Saire
Scénographie et lumières
Jean-Marie Bosshard
Costumes
Isa Boucharlat
Musique
Beethoven,
Gus Viseur