25 min, 2 danseurs
Vacuum génère des images impossibles et des peintures fantastiques. Un jeu d’apparitions et de disparitions des corps, entre trou noir et éblouissement.
Ce duo est le troisième volet d’une série en cours appelée Dispositifs, en convergence avec les arts visuels. Après Black Out (2011) et NEONS Never Ever, Oh ! Noisy Shadows (2014), Vacuum explore un nouvel aspect de notre perception sensorielle, à travers une illusion d’optique créée par deux néons.
Dans Black Out, le mouvement des danseurs dessinait des formes dans une matière noire et le public était placé en surplomb. Ensuite, NEONS montrait un couple se mouvant dans un jeu de noir et de lumière. Dans cette troisième partie, Philippe Saire poursuit son exploration de la perception visuelle du mouvement. Un résultat édifiant, lyrique, qui fait défiler toute une histoire de l’art : des peintures de la Renaissance au développement photographique.
Cette chorégraphie au dispositif aisément transportable dure 25 minutes. Elle est dotée de la même distribution que NEONS et est donc facilement programmable en complément.
Vacuum est coproduit par le Théâtre National de Chaillot, Paris, et La Bâtie-Festival de Genève
Dans la série Dispositifs, des structures spatiales ou lumineuses sont au départ des projets. Ces pièces portent une attention tout autant à l’image qu’au mouvement et à la narration. Elles se veulent en cela à la frontière des arts visuels et de la danse.
Le dispositif de Vacuum, qui s’est élaboré progressivement, occupe un espace très restreint : deux néons de 1.20 m flottent hors du sol, l’un au-dessus de l’autre, à l’horizontale. Les deux tubes sont orientés vers le public, générant un aveuglement partiel, rendant l’espace abstrait et créant entre eux deux un trou noir. Ce dispositif offre un procédé où les corps peuvent apparaître et être avalés par le noir. Cette astuce pourrait faire penser à un tour de magie, mais le traitement en est ici tout autre.
Installation chorégraphique
Un cadre étant très littéralement donné par les lumières, le regard du spectateur se retrouve d’office focalisé sur un tableau en constante recomposition. Le jeu de la lumière sur la peau revêt une grande importance, et fonctionne ici comme un pinceau qui révèle ce qu’il touche : les ombres des muscles et des os, ainsi dessinés, rendent la toile mouvante. Aussi, la qualité de lumière spécifique au néon, quand elle affleure les corps, permet toute une gamme de grains et de gris.
Cela a été un des axes de recherche du mouvement que d’arriver à générer un trouble : qu’on en vienne à pouvoir douter de qui bouge, des corps ou de la lumière. Le procédé nécessite un travail d’une grande précision sur les images, le mouvement et le rythme de ces images. Lors des apparitions et des disparitions successives, la finesse de l’émergence de l’image permet d’évoquer le passage d’une perception voilée à une mise au point vers la netteté, la transition de l’image au bas-relief, puis à la sculpture quand le jeu sur la profondeur s’affirme.
À travers ce procédé d’apparence très simple, et sans l’avoir cherché de prime abord, c’est toute une histoire de l’art qui défile : des lumières sur les corps des peintres de la Renaissance, aux procédés de développement photographique, des personnages penchés des voûtes des églises italiennes à l’abstraction des corps de Brancusi, du sfumato à l’hologramme. Une forme de lyrisme émane de la pièce, sans qu’il soit prémédité.
La fragmentation des corps, l’incongruité des postures et du mouvement, leur invraisemblance, voire même parfois leur monstruosité, autant de lectures abstraites du corps qui se construisent sous nos yeux. Et dialoguent avec ce qu’on ne peut pas imaginer de plus concret : notre propre corps de regardant.
La nudité des corps a rarement été autant revêtue qu’elle l’est par la lumière, elle n’a ici rien de choquant, et ne cherche rien d’autre que se jouer plastiquement et glorieusement du néant.
Comme les dispositifs précédents de cette série, c’est l’exploration en situation réelle qui détermine concrètement le contenu, les choix qui se font, et la narration – dans un sens très ouvert – qui peut s’en dégager.
Je travaille à nouveau avec les deux interprètes de NEONS, Philippe Chosson et Pep Garrigues, avec qui nous avons développé une belle complicité artistique. Ils ont de surcroît l’avantage d’avoir des physiques assez similaires, et des corps qui peuvent se confondre aisément, ce qui offre des possibilités riches de trouble.
Vacuum se distingue comme un petit chef-d’oeuvre de danse abstraite.
Katia Berger, Tribune de Genève, 14.09.15
Vacuum n’a rien d’un quizz pour public cultivé. Chaque spectateur reste libre d’associer à sa guise les images offertes avec celles qui dorment en lui. Il en ressort un peu titubant, ébloui et muet. Chez Philippe Saire le vide est plein, superbement plein.
Mireille Descombes, blog de L’Hebdo : Polars, Polis et Cie, 26.06.15
Vacuum résonne dans la boîte noire d’un théâtre comme un cri de la chair en mouvement. Magnifique et troublant.
Cécile Dalla Torre, Le Courrier, 08.09.15
Passés au scanner des faisceaux blancs, on n’a pas pour autant affaire à un tableau clinique mais, plutôt à une cartographie magique de l’organisme. Se déploie toute une vie dans les plis de la chair, prise entre grâce et apesanteur.
Bérengère Alfort, La Terrasse, 14.09.15
Le chorégraphe lausannois Philippe Saire nous embarque dans un fascinant voyage optique. Le plateau est nu. C’est au mur que les clair-obscurs dessinent, à la surface des lombaires de Philippe Chosson et Pep Garrigues, un autre paysage anatomique.
Entre deux néons, ils crèvent littéralement l’écran, telles ces figures monstrueuses ornant les bas-reliefs. En maître de la peinture flamande ou en tailleur de pierre, Philippe Saire propose un spectacle (choré)graphique et sonore, d’où les corps surgissent dans le noir comme dans un vide galactique.
Unireso, 03.09.15
Concept et chorégraphie
Philippe Saire
Chorégraphie en collaboration avec les danseurs
Philippe Chosson, Pep Garrigues
Danseurs en tournée
Philippe Chosson, Gyula Cserepes, Pep Garrigues, Lazare Huet
Réalisation dispositif
Léo Piccirelli
Création sonore
Stéphane Vecchione
Direction technique
Vincent Scalbert
Coordination construction
Antoine Friderici
Construction
Cédric Berthoud
Régie générale
Louis Riondel
Assistante de production
Constance von Braun
Captation vidéo et teaser
Pierre-Yves Borgeaud
Photographies et design graphique
Philippe Weissbrodt
Musique
What Power Art Thou, tiré de King Arthur, de Henry Purcell, interprété par Fink et le Concertgebouw Orchestra, Ninja Tune, 2013
Concept et chorégraphie
Philippe Saire
Chorégraphie en collaboration avec les danseurs
Philippe Chosson, Pep Garrigues
Danseurs en tournée
Philippe Chosson, Gyula Cserepes, Pep Garrigues, Lazare Huet
Réalisation dispositif
Léo Piccirelli
Création sonore
Stéphane Vecchione
Direction technique
Vincent Scalbert
Coordination construction
Antoine Friderici
Construction
Cédric Berthoud
Régie générale
Louis Riondel
Assistante de production
Constance von Braun
Captation vidéo et teaser
Pierre-Yves Borgeaud
Photographies et design graphique
Philippe Weissbrodt
Musique
What Power Art Thou, tiré de King Arthur, de Henry Purcell, interprété par Fink et le Concertgebouw Orchestra, Ninja Tune, 2013