 
    
      
    Première à basel tanzt 05, Bâle, le 23 septembre 2005. Chorégraphie pour 6 danseurs.
Notre désir d’une sécurité fantasmée dicte beaucoup plus de choses que nous ne le réalisons. Si l’on considère la peur comme l’un des fondements du lien social et comme un moteur majeur de nos actes, tout semble construit sur une absurdité. C’est cette absurdité que Sang d’encre, de manière ludique, tente d’interroger.
Collaboration avec le Centre Chorégraphique National d’Aix-en-Provence Ballet Preljocaj
Par Christophe Gallaz, chroniqueur et écrivain
Tu es danseuse ou danseur, mais tu pourrais être moi qui te regarde. Ta naissance s’est produite comme la mienne au-delà des rideaux bordant la scène, dans les tiédeurs de l’obscurité maternelle, et tu me ressembles. C’est là-bas, dans ce pays reculé de ta propre histoire, que tu t’es mis à grandir. C’est là-bas que tu t’es mis à marcher, puis à parler, puis à penser.
Or tes progrès sont restés vains, comme les miens. Tu n’as rien élucidé de toi ni du monde. Le mystère de ta présence au monde a fini par t’enserrer comme sa proie, et la fatalité de ta mort t’a terrifié. Voilà pourquoi tu t’es enfui – pour laisser ton désarroi derrière toi. Quelques gestes t’ont suffi, à toi qui danses: écarter de la main les rideaux bordant la scène, t’avancer sur celle-ci, apercevoir les spectateurs et commencer ton spectacle.
Tu m’y rejoins, sais-tu? Nous sommes réfugiés l’un et l’autre dans la pure apparence de notre personne, et tes gestes sont les miens. Tenir vaille que vaille sur le tapis de danse ou dans la ville. Comprendre pourquoi nous y sommes des hommes ou des femmes. Travailler. Entendre craquer nos épaules et nos genoux, écouter crisser nos pieds nus sur le caoutchouc ou nos chaussures sur l’asphalte du trottoir, être traversés par le souffle essoufflé de l’âge venant.
Et toutes ces choses autour de nous, les messages publicitaires au cœur de la nuit, ton nom qu’on prononce ou le mien, le jeu des syllabes qui résonnent alentour. Et notre énergie: courir, nous interrompre, sauter, tourner, toucher, tomber, nous relever, recommencer. N’importe quoi plutôt que rien, n’est-ce pas? Tu le penses autant que moi, danseuse ou danseur. Et tu multiplies les essais. Faire jaillir de notre bouche un flot de paroles n’énonçant que leur inutilité. Ou nous appeler les uns et les autres au secours, comme des machines.
Enfin la chute des rideaux bordant la scène. Révélant quoi? Rien, bien sûr, danseuse ou danseur. Ni ton enfance ni la mienne, ni tes peurs ni les miennes, ni les dieux que nous nous sommes imaginés. Ainsi va la vie: quelques gesticulations procédant du vide et de l’absence. Nous aurons rêvé. Sortir de la salle, toi d’un côté, moi d’un autre. Eteindre.
(…) En l’occurence, nous avons commencé par explorer un thème, celui de la peur. Parce que, de plus en plus, la peur m’apparaît comme un des moteurs majeurs, mais caché, de nos actes. Voire d’un fonctionnement plus large.
Au fil des répétitions, nous nous éloignons de cet axe de travail sur la peur, qui subsiste maintenant comme un fleuve souterrain. Apparaissent alors des résurgences, la notion de l’aide, celle du chaos aussi…, et d’autres qui vont encore survenir. Subsiste le côté absurde et la légèreté qui va avec.
En parallèle, nous travaillons sur l’écriture et la présence des mots sur la scène.
Il me semblait que la peur et le besoin de nommer avaient à voir ensemble, et nous explorons ce lien improbable.
L’emploi des mots pose aussi la question de la danse et de l’interprétation individuelle qu’on en fait. De notre crainte de ne pas comprendre et de devoir nous laisser aller à ressentir.
Quand je disais que la danse est une résistance…
Philippe Saire, chorégraphe
Peur, rêve et réalité
(…) Le chorégraphe semble vouloir nous dire que nous vivons avec les petites catastrophes. C’est trop peu dire, nous les mettons en scène parce que nos peurs personnelles nous permettent d’être reconnus.
(…) Ecriture, lumière, environnement sonore et danse s’entremêlent artistiquement et avec logique. Dans leurs dispositions scéniques, la Compagnie et Philippe Saire lui-même ont choisi une approche radicale. De manière convaincante, ils ont révélé l’absurdité des besoins de sécurité excessifs, à travers des moments d’un comique émouvant. 
Basler Zeitung, Bazkulturmagazin, 26.09.2005
Un tapage sombre et une lueur éthérée
(…) Une lumière sauvage vacille sur la scène, les danseurs tombent, roulent, sautent, se poussent agressivement, la tendresse apparaît comme une nostalgie.
La danse comme reflet de la réalité (…) C’est pourquoi il essaie de se distancer de plus en plus de toute forme d' »esthétisation » de l’art. 
Basellandschaftliche Zeitung, 26.09.2005
Explosif et dynamique
[…] Le chorégraphe lausannois aborde la peur comme le mobile de notre action et atteint avec cette nouvelle pièce une nouvelle direction, sans contour dans l’expression. Dans la Kaserne Basel, deux danseuses criaient la peur du corps. Des portés acrobatiques et l’improvisation de contact s’associent sous des flashs de lumière, formant en quelque sorte un groupe en autodéfense. (…) L’image d’une société dans un état d’exception permanent.À la place du sang, des mots comme volumes de texte ont coulé sur les panneaux d’information et à travers les corps des danseurs. Alarmés par nous depuis longtemps, absorbés dans la chair et le sang, les instructions de sécurité défilent ici et maintenant. Cela a rendu la pièce en même temps explosive et exténuante (…)
Neue Zürcher Zeitung, Martina Wohlthat, 26.09.2005
                        Chorégraphie en collaboration avec les danseurs
    
                        Philippe Saire                      
                        Danseurs
    
                        Philippe Chosson,
Karine Grasset,
Mickaël Henrotay Delaunay,
Sun-Hye Hur,
Mariusz Jedrzejewski,
Mike Winter                      
                        Lumière
    
                        Laurent Junod                      
                        Son
    
                        Christophe Bollondi                      
                        Scénographie
    
                        erias                      
                        Costumes
    
                        Isa Boucharlat                      
                        Conseil artistique
    
                        Isabelle Flükiger,
Philippe Weissbrodt                      
                        Assistante de production
    
                        Frédérique Leresche                      
                        Régie générale
    
                        Yann Serez                      
        						Chorégraphie en collaboration avec les danseurs
	  
        						Philippe Saire        					
        						Danseurs
	  
        						Philippe Chosson,
Karine Grasset,
Mickaël Henrotay Delaunay,
Sun-Hye Hur,
Mariusz Jedrzejewski,
Mike Winter        					
        						Lumière
	  
        						Laurent Junod        					
        						Son
	  
        						Christophe Bollondi        					
        						Scénographie
	  
        						erias        					
        						Costumes
	  
        						Isa Boucharlat        					
        						Conseil artistique
	  
        						Isabelle Flükiger,
Philippe Weissbrodt        					
        						Assistante de production
	  
        						Frédérique Leresche        					
        						Régie générale
	  
        						Yann Serez        					
 
        						
        				  		   	
        				  		
        							 
        						
        				  		   	
        				  		
        							 
        						
        				  		   	
        				  		
        							 
        						
        				  		   	
        				  		
        							 
        						
        				  		   	
        				  		
        							 
        						
        				  		   	
        				  		
        							 
        						
        				  		   	
        				  		
        							 
        						
        				  		   	
        				  		
        							 
        						
        				  		   	
        				  		
        							 
        						
        				  		   	
        				  		
        							 
        						
        				  		   	
        				  		
        							 
        						
        				  		   	
        				  		
        							 
        						
        				  		   	
        				  		
        							